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Interview Uzi : « Passer de la rue au rap, c’est un truc de fou Â»

juillet 11, 2022

Nous avons rencontrĂ© Uzi Ă  l’occasion de la sortie de son deuxième album « Meilleur qu’Hier Â» le 24 juin. Un entretien intĂ©ressant pour comprendre un peu mieux le tableau d’un parcours dans une industrie musicale semĂ©e d’embuches. Ensemble, nous sommes revenus sur ses dĂ©buts, ses influences, sa vision du business et bien d’autres sujets. 

Journaliste (Youcef) : Uzi, comment ça va ? 

Uzi : Ça va et toi Youss ? 

Ça va super, merci. Ton album Meilleur qu’Hier vient de sortir, tu es dans quel Ă©tat d’esprit Ă  l’heure actuelle ? 

Je suis dans un bon Ă©tat d’esprit. Je suis soulagĂ© qu’il soit enfin sorti, j’ai eu des bons retours du public et des mĂ©dias. L’album est bon, les gens sont contents de voir que j’ai fait des featurings sur celui-ci. 

Que retiens-tu de l’album CĹ“ur abimĂ© et qu’est-ce que tu t’es dis en allant au studio pour ce deuxième projet ? 

J’avais dĂ©jĂ  eu des très bons retours sur le premier sans featurings. Je suis parti en studio avec l’optique de faire mieux, de redoubler d’efforts et faire un album plus complet que le premier. 

Tu penses avoir fait mieux ? 

D’après les retours, oui et ça fait plaisir. Les gens me disent que celui lĂ  est mieux, plus mature et rĂ©flĂ©chi. Mieux Ă©crit, on ressent bien les choses Ă  travers ce que tu veux dire. Ils comprennent dans quelle trajectoire j’ai voulu les emmener. 

Comment tu as crĂ©e cet album de A Ă  Z ? 

Il y a eu des sĂ©minaires, et en mĂŞme temps des studios Ă  droite Ă  gauche. On avait dĂ©jĂ  le titre en sĂ©minaire. On savait la trajectoire qu’on allait prendre. 

Meilleur qu’hier dans quel sens ? 

Dans tout. J’ai voulu montrer aux gens cette Ă©volution. DĂ©jĂ , j’aime pas la starification. Je trouve que c’est comme un dĂ©faut de fabrication. 

C’est-Ă -dire ? 

C’est comme si j’étais devenu quelqu’un d’autre. Je suis une personne très simple Ă  la base. La notoriĂ©tĂ© me fait bizarre. 

Uzi – Meilleur qu’hier

Tu penses pas qu’il faille s’y attendre si l’on veut que ça marche ? 

C’est vrai, mais c’est arrivĂ© trop vite. Personne n’est rĂ©ellement prĂ©parĂ© Ă  ça. Tu comprends ce que tu vis Ă  partit du moment oĂą tu es dedans, mais les gens ne le comprennent pas. Ils ne ressentent pas les choses que tu dis forcĂ©ment comme toi car certains aspects restent en off. Ce qui reste en off est beaucoup plus compliquĂ© Ă  certains niveaux. Passer de la rue au rap, c’est un truc de fou. 

Je pense qu’à partir du moment oĂą tu es exposĂ©, la compassion des gens disparait. Tu n’as plus le droit d’être triste ou contrariĂ©. Qu’en penses-tu ? 

C’est exactement ça, tout le monde croit que tu es un robot. Les gens oublient que tu es un humain. Il y a des moments ou ça va pas, des moments ou ça va mieux. Quand ça ne va pas, tout le monde veut que ça aille et quand ça va tout le monde veut que ça n’aille pas. Il y a des choses que je comprends mieux aujourd’hui, comme l’anonymat par exemple. Tu as aussi une responsabilitĂ© sur le dos, celle de ta famille et de tes proches que tu reprĂ©sentes. Tu dois ĂŞtre droit aux yeux des gens. 

C’est quoi ton premier contact avec la musique en tant qu’auditeur ? 

La musique du pays déjà, ensuite j’ai des grands frères qui écoutaient Booba, Mafia K’1 Fry, Corneille… C’est des trucs qui m’ont bercé. J’ai grandi dans l’urbain. Alicia Keys, 50 Cent, ça écoutaient ça à la maison !

Et en tant qu’artiste ? 

La première fois que je suis allĂ© en studio j’étais mort de rire. Tout le monde rappe moi aussi je peux. Je vais raconter mon histoire lĂ -bas. J’ai posĂ©, je suis revenu et j’ai refait des sons et clipper le lendemain. J’avais 14-15 ans. 

Uzi – © Fifou

Tu as eu des influences ? 

Il y a déjà eu Djadja et Dinaz qui m’ont influencé parce qu’on vient du même coin. Il y a d’autres artistes mais je pourrais pas te citer de nom tellement c’est naturel.

Avec la surconsommation et la sur proposition musicale aujourd’hui, vous ne vous etes pas dit qu’un album de 17 titres pouvait ĂŞtre lĂ©gèrement long pour le public ? 

C’est vrai, mais il y a un moment ou lorsque tu fais de la musique, tu n’es plus objectif. Chaque son qu’on enlève, ça fait mal. On s’est dit qu’on allait en mettre 17. Je voulais en retirer mais après sur la fin on s’est dit tranquille. Mais je me dis que si ça prend pas, ce sera une erreur dans le parcours et les erreurs nous permettent d’évoluer. 

Quand est-ce que tu as commencĂ© Ă  voir la musique comme un travail ? 

C’est à partir des premiers contrats, de la paperasse, de l’administration. Je dois faire des rendez vous tous les jours, signer des choses, j’ai une équipe autour de moi, je vis de la musique…

Justement, je vois chez toi cette envie de te renseigner sur les domaines que tu ne connais pas et dont tu es obligĂ© d’approcher. Tu ne penses pas qu’a un moment donnĂ©, il faille Ă©tudier l’industrie pour en connaitre les rouages ? 

C’est exactement ça. Tout le monde me dit « frero tu dois pas comprendre Â» mais non. Moi j’aime bien savoir ce que je fais, oĂą je mets les pieds, Ă  quoi je m’engage avec qui et pourquoi. Les autres ont compris comment ça se passe, pourquoi pas moi ? 

Comment s’est faite la connexion avec Soolking ? C’était comment en studio ? 

Soolking c’est un gĂ©nie de fou. Ă€ la base je faisais un titre avec Lynda. J’ai vu l’équipe de Soolking, Hyperfocal c’est la famille. Je leur ai dit que je le voulais sur l’album, ils m’ont donnĂ© son WhatsApp. Ça s’est fait naturellement. 

Tu as une anecdote sur le titre avec Booba ? 

Booba, on se parle c’est archi fluide. J’ai vu le gars dans les yeux, on a discutĂ©. On commence Ă  rentrer dans le circuit, il a fini le jeu. Normal, il faut que j’en tire quelque chose. J’en ai tirĂ© du positif, il donne des conseils prĂ©cieux. Il aime bien se sentir Ă©coutĂ©, et venir te dire « T’as vu j’suis pas un fou Â». Il le fait sans calcul. 

Tu dirais quoi au Uzi d’avant tout ça ? 

Mon gars t’es pas prĂŞt, fait attention. Reste lucide, carrĂ©, il y a beaucoup de gens mal intentionnĂ©s, accroche toi mon gars, c’est que le dĂ©but. Quand le parcours est semĂ© d’embuches, c’est souvent un beau parcours. 

 

Écouter « Meilleur qu’hier » d’Uzi sur toutes les plateformes de streaming.

Youcef